Une génération connectée
- Par reikiland
- Le 24/04/2019
- Dans Textes Lumière
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Enfin, ce qui distingue incontestablement cette génération des précédentes, c’est son rapport aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Comme le souligne l’expression anglaise « digital natives », les jeunes dont nous parlons ont grandi dans un monde connecté et maîtrisent parfaitement les outils numériques et les réseaux sociaux. Le fonctionnement des nouveaux médias impacte les formats et le contenu des produits culturels qu’ils consomment : primat de l’image, recherche du divertissement, de la provocation… L’environnement culturel de cette génération est caractérisé par la diffusion rapide et massive des succès, qui va de pair avec leur nature éphémère. La popularité de la plate-forme Youtube en est le symbole, de façon inédite ce réseau permet la diffusion en quelques jours et à l’échelle mondiale des succès musicaux ou des modes.
Et il faut souligner que si ces mécanismes de diffusion rapide fonctionnent pour les artistes célèbres ou les grandes entreprises qui investissent dans la communication virale, ils sont aussi à la portée du simple bloggeur depuis son salon. Tout internaute peut créer ses contenus et les mettre en ligne, certains inconnus ont ainsi rencontré un grand succès.
Danah Boyd, qui a travaillé surtout auprès de jeunes américains, est considérée comme l’une des meilleures spécialistes des pratiques des jeunes sur internet. Elle décrit les réseaux sociaux comme « un espace public » dans lequel traînent les jeunes, se substituant aux lieux de rencontre physiques qui disparaissent avec la transformation des villes. Elle note en effet que si le monde virtuel permet de bannir les frontières géographiques, en réalité les jeunes l’utilisent d’abord pour communiquer avec leur cercle d’amis proches. D’autre part elle décrypte les comportements et l’utilisation des applications.
Les selfies ne sont pas qu’un geste narcissique, ils sont une manière de « prendre possession d’un lieu, d’un moment et d’un contexte ». Les images ou les phrases partagées dans l’espoir d’un « j’aime » participent d’une recherche et d’un besoin d’attention, tout-à-fait naturelle à un âge où l’on se construit une identité.
Il est intéressant de constater qu’internet induit de nouveaux usages mais ne modifie pas les motivations ou les objectifs recherchés par les jeunes : échanger avec leurs amis en dehors des adultes, construire son image et son identité, rechercher l’assentiment… Il en va de même pour les centres d’intérêt des jeunes qui sont très proches de ceux de leurs parents plusieurs décennies auparavant.
Sur l’application YAX utilisée par les adolescents par exemple, où ils peuvent aborder tous les sujets, on observe que les thématiques les plus récurrentes sont le sexe et l’amitié, suivies par la religion, ce qui est plus original mais s’explique par la date de ce relevé, février 2015.
Il faut donc comprendre qu’internet est devenu une partie de l’univers social des jeunes, ils s’y comportent comme des acteurs tout-à-fait maîtres de leurs mouvements car ils en maîtrisent les codes. Par le choix des sites consultés, des images « likées » ou « retwitées », l’adhésion à des communautés, ils se forgent un profil à leur image et interagissent en produisant ou en diffusant des contenus. C’est un lieu d’échanges, où ils jouent, où ils nourrissent et entretiennent des amitiés, où ils nouent des relations sentimentales….
Si pour les adultes internet est un outil (de recherche d’information, de gain de temps, de communication) mis au service de leurs activités réelles, pour les jeunes c’est une partie de leur vie, au même titre que le réel.
Si internet n’est pas nécessairement facteur d’acculturation, il est vrai qu’il contribue à la diffusion de croyances irrationnelles. Le phénomène désarçonne les adultes, qui manquent d’arguments pour contrer des théories finement élaborées, images à l’appui, et distillées par de multiples canaux.
En 2014, la MIVILUDES (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a observé la propagation des théories du complot, sans parvenir à identifier de source structurée. Elle faisait alors l’analogie avec la mode du satanisme et du spiritisme dans les années 90-2000 et rappelait que le questionnement du monde, la volonté de chercher des réponses ésotériques, de provoquer les adultes et de bousculer leurs certitudes étaient des comportements adolescents typiques.
Enfin, le fait que les téléphones portables soient devenus les principaux terminaux consultés par les jeunes, y compris pour prendre connaissance de l’actualité, va de pair avec la perte d’influence des médias d’information traditionnels que sont la presse et la télévision. Les jeunes les consultent moins, mais au-delà certains ne leur font plus confiance. Alors que les adultes considèrent la presse comme la source d’information la plus fiable, une grande partie de la jeunesse s’en méfient parce qu’ils seraient « du système ».
L’expression témoigne de l’influence des théories complotistes, mais plus généralement c’est par le biais de sites d’information alternatifs, ou des vidéos qui circulent sur les grandes plateformes d’échange, que le doute s’installe sur certains faits.
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Extrait de Génération Radicale de Malek Boutih, député de l’Essonne
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